19 juin 2010

Mobile de meurtre

Il y a trois semaines, j’ai demandé à ma collègue si elle comptais faire quelque chose pour la fête des pères.

Non, m’a-t-elle répondu, on a fait un cadeau pour les mamans, les papas y’en a pas toujours alors...

Je n’ai rien dit puisque c’est l’instit référente et que je me dois de suivre le mouvement mais je n’en pensais pas moins.

Fille de mère célibataire, j’ai toujours été ravie, enfant, de faire un bricolage pour la fête des pères et qu’importe s’il n’y avait pas de papa à la maison, je l’offrais une année sur deux à ma maman ou à mon grand-père.

Et puis, cela n’a pas fait un pli : lundi, les enfants ont demandé ce qu’ils allaient faire pour leur papa.

Nous avions une semaine devant nous.

Super.

Histoire de rester dans le thème des insectes que nous avions découverts lors de nos classes découvertes (faut d’ailleurs que je vous montre les photos, tiens), ma gentille collègue, qui ne touche pas une bille en bricolage, a décidé de faire des mobiles !

Wouaich…

Le résultat fut très sympa :


Mais derrière tout ça il y eut :

50 bébêtes à confectionner avec des enfants qui ne savent pas se focaliser sur un truc plus de 5 minutes, qui ne sont pas tous très doués en bricolo ou carrément dyspraxiques.

Tout ceci avec de la patadur qui (comme son nom l’indique) durcit à vue d’œil (et plus vite encore quand elle est en petite quantité... comme des insectes).

Et en même temps que tu crées les insectes, tu essaies que machin arrête de taper machine, que truc renonce à manger la pâte, que bazar cesse d'en mettre partout et que bidule se décide à faire une coccinelle plutôt que des miettes

Et puis, il faut en plus se dépêcher de passer une ficelle au travers de l’insecte avant que la pâte ne durcisse totalement.

Et là tu me dis : ben quoi passer une ficelle ? C’est facile !

Ah ben oui, la passer c’est fastoche mais évidement y’a l’effet Kisscool : avant de passer la ficelle, faut que tu réfléchisses un chouïa dans le dedans de ton toi-même pour repérer le point d’équilibre, histoire que la libellule ne fasse pas une descente en piqué quand tu la suspendras.


Et après ?

Après t’attends que ça sèche mais comme on a commencé mardi, ben tu les disposes sur le minuscule four de la classe pour que ça sèche plus vite histoire que l’on puisse les peindre.

Ah oui, je ne t’avais pas dit ? On n’allait pas les laisser blanc... non, non, non, c’est trop facile ça !

Donc le jeudi, on les peint mais comme il faut les tenir pour les peindre, ça marche pô, y’a toujours du blanc quelque part (et de la peinture partout sauf sur les insectes), donc c’est toi qui t’y colle pour repasser une couche pendant les récrés.


Et enfin, quand tout est sec et peint et sec (non, je ne me répèpète pas)... il ne te reste plus qu’à monter les mobiles.

Et c’est là que tu te demandes si il y a moyen de tuer une collègue avec une pique de brochette en bois.

Parce que un mobile c’est :

4 piques de brochette à couper.

8 nœuds à faire au bout des piques avec de la *ù^$* de ficelle ultrafine (mais ouiiii, ce sera plus joli si c’est fin qu’elle m’a dit ma collègue).

4 points d’équilibre à trouver (et je peux te dire que trouver ce point entre un scarabée, une libellule et une coccinelle ce n’est pas facile, facile)... et quand tu les as trouvés faut pas les perdre le temps de mettre le scotch pour tout maintenir.

Et je te rappelle qu’il y a 10 gamins dans la classe... je te laisse faire le calcul.

Tout fut terminé vendredi à 15h00, super non ?


Ben non parce que qui dit cadeau, dit emballage.

ET ON EMBALLE COMMENT UN MOBILE ??

On pose le tout à plat sur un morceau de carton, on colle les bâtonnets avec le scotch (qui est devenu mon grand ami entre temps) et on emballe avec du papier cadeau doré qui n’est pas du vrai papier cadeau mais de vieilles planches d’étiquette de vin ce qui donne un papier de /ù^)à/*.


16h35, les mobiles sont emballés.

Il ne te reste qu'à espérer que les enfants ont tous compris, assimilé, capté la consigne : TU PORTES ÇA DÉLICATEMENT ET DROIT, COMME SI TU APPORTAIS UN GÂTEAU A MAMAN.

Et tu sais ce qu’il m’a été répondu ?

"Mais y’en a pas de gâteau dedans et pis c’est un cadeau pour papa !"


Je vous laisse, je vais finir la bouteille de scotch avant d'aller planquer le corps de ma collègue au fond du jardin..

8 commentaires:

joelle a dit…

Tu te plains, mais tu aurais pu en avoir de gamins ! J'ai résolu le problème cette année : RIEN, ni pour les papas, ni pour les mamans. Comme ça y a pas de jaloux !

Beo a dit…

Tu as dû regretter le changement de consigne.... elle était bien en fait la collègue qui avait prévu de ne rien faire pour l'occasion....

Non mais: quelle galère!

Stéphanie a dit…

- Joelle > Heuu ben tu vois j'aurai préféré recevoir un mobile que d'en faire 10 !!
- Beo > Ma collègue est sympa mais pas du tout organisée et assez bordélique ce qui veut dire : tout à la dernière mninute... mon total opposé mais c'est pour cela que ça fonctionne bien entre nous : on se complète : )

manue a dit…

j'adore!!
maintenant tu comprends pourquoi y en a qui ne s'emmerdent pas avec les colliers de pâtes :))

Sylvie a dit…

ah mais c'est une idée pour moi de voir ces activités. Mon petit-fils viendra en vacances dans quelques temps et je pourrai l'occuper avec une activité de ce genre, enfin suis-je capable !
En ce qui concerne de faire ou pas un cadeau pour les papa à l'école, j'ai appris justement par ma fille que de plus en plus d'école ne faisait rien faire aux enfants, j'ai été surprise, mais cela peut se comprendre. idée que je ne partage qu'à moitié !et pourtant j'ai connu moi aussi la vie de mes enfants sans leur père !

Tequila a dit…

Ton billet m'a bien fait rire, tiens... d'autant plus que pour m'être déjà lancée dans l'aventure de la création d'un mobile avec les petiots, tes problématiques m'ont rappelé des tas de souvenirs ;)

Haut les cœurs, l'année est bientôt finie!

dieudeschats a dit…

La prochaine fois, souffle-lui les cadres en demi-pinces à linge... bon ok faut peindre aussi, mais au moins la gravité te foutra la paix !!

Chriss a dit…

Moralité : faire d'abord un prototype. Pour rentabiliser le temps de réalisation.
Finalement le collier de nouilles, c'est pas si con...
Ici on n'échappe pas au galet peint !
Je sais, j'en ai sur mon bureau comme presse papiers...